Le test Triangulaire
Ce test discriminatif est à recommander lorsque l’on cherche mettre en évidence des différences ou des similitudes entre deux produits. L'essai triangulaire de différence s'intéresse à la détermination d’une différence perceptible entre deux produits, alors que l'essai triangulaire de similitude s'intéresse à la détermination d’une absence de différence perceptible entre deux produits. Ces deux tests sont généralement réalisés en même temps.
Le test triangulaire peut être utilisé pour répondre à des questions telles que :
« Ce changement de fournisseur pour cet ingrédient, modifie-t-il le produit ? »,
« Perçoit-on une différence entre marque propre et marque distributeur ? »,
« Ce produit est-il toujours le même, en étude de vieillissement ? » ...
Pour mettre en place ce type de test, il est nécessaire d’avoir à comparer deux produits très proches sensoriellement. Il faut également disposer d’un panel constitué au minimum d’une douzaine de sujets, mais généralement entre 15 à 20 panélistes (en essai de différenciation) jusqu’à 60 panélistes (en essais de similitude) ; ces sujets ne sont pas nécessairement formés à la reconnaissance de saveurs ou de notes sensorielles, mais doivent être qualifiés pour effectuer des épreuves sensorielles, c’est-à-dire sans problème de physiologie sensorielle, sans agueusies ou anosmies identifiées.
Chaque sujet reçoit 3 échantillons dont 2 sont issus d’un même produit, le troisième échantillon est différent. Ces produits sont présentés de manière similaire, dite ‘en aveugle’, autrement dit, ces produits sont présentés sous un même état : même température, même service, même conditionnement, même volume … et identifiés à l’aide de codes à trois chiffres pour éviter tous biais d’indication.
Pour limiter également les effets d'ordre, chaque sujet recevra une des 6 combinaisons possibles avec deux produits, à savoir : AAB, ABA, BAA, BAB, BBA, ABB.
Chaque panéliste est informé du fait que deux des échantillons sont semblables et qu'un est différent. Les sujets testent les échantillons dans l’ordre de présentation des protocoles proposés, et doivent déterminer quel est l’échantillon différent. Il est possible que le choix repose sur une simple supposition, on dit alors que le choix est "forcé". Si le choix n'est qu'une supposition le sujet peut en faire mention dans ses commentaires.
Le test triangulaire est décrit dans pour sa réalisation par la norme ISO 4120 (Classement V 09-013).
L’application va compter les réponses de chaque panéliste selon que la réponse est correcte ou fausse, puis ces comptages sont ensuite analysés avec une loi Binomiale de paramètres (n : nombre de sujets,1/3).
Cela permet alors de déterminer les risques pris lorsque l’on énonce que « Les produits sont différents » (risque alpha), et les risques pris lorsque que l’on considère « Les produits sont similaires » en cas de test de différence non significatif. Les risques généralement tolérés sont de 5% pour les risques alpha, et de l’ordre de 10% pour les risques bêta. Ces résultats permettent par conséquent de statuer sur trois cas : Les deux produits A et B sont différents, les deux produits A et B sont similaires, le test n’a pas pu mettre en évidence de résultats, et il est alors nécessaire d’augmenter le nombre de panélistes.
Ces tests sont simples à mettre en œuvre et s’appliquent à tous types de produits, sauf pour quelques produits très saturants. L’interprétation des résultats peut cependant être plus délicate, car il reste néanmoins nécessaire de bien identifier quelle est la question posée, si c’est une différence à mettre en évidence ou si c’est se réassurer d’une similitude entre deux produits. Ce cas peut être, par exemple, lors de l’introduction d’une nouvelle matière première ou d’un nouveau processus pour s’assurer que le produit fini résultant est bien identique au précédent. Ces derniers cas sont largement plus nombreux, et nécessitent de prendre en compte les risques bêta en cas de différence non significative.
Il peut être envisageable en cas de différence importante mise en évidence, de poursuivre les investigations en demandant un test de profil de type QDA ou mieux, un profil Pivot©, pour pouvoir caractériser les différences sensorielles entre ces deux produits.